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Brossard, Québec, Canada
Né à Beaumont (Gd-anse, Haïti), je suis arrivé au Québec en 1972, après des études agronomiques et une expérience de terrain en Haïti. Reçu membre de l’Ordre des agronomes du Québec, j’ai fait carrière dans l'enseignement agricole et environnemental, à la fonction publique du Québec et à l’Agence canadienne d’inspection des aliments, tout en complétant des études en éducation, environnement et gestion. De 1995 à 2000, j’ai séjourné dans mon pays natal à titre de consultant auprès des ministères de la Planification et de la coopération externe, de l’Environnement et de l’Éducation, en relation avec des organisations non gouvernementales nationales et internationales. En tant que consultant en développement des ressources humaines pour l’environnement, j’ai mis sur pied un réseau d’écoles vertes et j’ai collaboré au Plan National d’Actions pour l’Environnement ainsi qu’au programme d’Éducation en matière de population, initiés par le gouvernement haïtien (1995 – 1999). Mes responsabilités professionnelles m’ont alors amené à participer à des séminaires en environnement et éducation à Cuba, au Mexique, en République Dominicaine et au Canada.

Réflexions

Afflux de migrants haïtiens… À qui la faute ?

Les médias font tourner en boucle les images de migrants haïtiens franchissant à pied la frontière Canada-États-Unis. D’origine haïtienne, je suis touché et concerné, mais surtout très en colère.
En colère, contre qui ?
Des années 60 à aujourd’hui, plusieurs centaines de milliers d’haïtiens tentent par tous les moyens de quitter l’ex-perle des Antilles, pour des raisons diverses, mais principalement politiques et socio-économiques.
Tenant compte de la détérioration constante des conditions de vie de la population, il est approprié de qualifier ce mouvement migratoire de fuite, qu’elle ait lieu par avion, par bateau ou à pied. Dans un cas de fuite, il est pertinent de tourner les regards vers la situation qui en est à l’origine afin de mieux la comprendre et envisager les moyens de la résorber.

Premier accusé : Les « irresponsables » politiques. De sa naissance à aujourd’hui, la première république noire n’a pratiquement connu que le népotisme, le despotisme et les dictatures combinées. Dans un tel contexte, le mot d’ordre est « se servir ». Les pouvoirs successifs ont toujours gouverné au profit d’une minorité (parents, amis, camarades, souteneurs), pendant que la majorité silencieuse voit ses conditions se détériorer irrémédiablement. De plus, les modes de gestion qu’ils mettent en place ne visent qu’à dilapider les ressources naturelles avec les conséquences qu’on connaît sur l’environnement (déboisement, érosion, insécurité alimentaire, etc.) Alors, il ne reste aux laissés-pour-compte et aux mécontents qu’un choix : chercher ailleurs l’espoir d’une vie meilleure. On peut donc facilement comprendre que la situation d’haïtiens fuyants ne sera pas résorbée tant que l’environnement politique reste anti-démocratique, que les ressources du pays sont mal-exploitées et que les pouvoirs publics ne visent pas le bien-être de la population. Les premiers responsables sont donc les haïtiens eux-mêmes.

Deuxième accusé : Les « profiteurs » étrangers. On le sait, l’aide étrangère ne repose que sur des intérêts. Depuis les années 60, plusieurs pays se pressent au chevet d’Haïti pour lui administrer toutes sortes de médicaments. Sous le couvert d’aide étrangère, les pays dits « amis d’Haïti », ont en fait retiré de précieux avantages, pendant que le pays exsangue agonise. Bien sûr, Haïti a reçu au fil des années une aide étrangère chiffrée en milliards de dollars. Mais, d’une part des détournements de fonds se font avec la complicité des pays donateurs qui soutiennent le plus souvent les pouvoirs en place et, d’autre part une forte proportion revient aux sources par tous les moyens (ressources humaines, matérielles, technologiques et autres). On peut donc facilement comprendre que la situation d’haïtiens fuyants ne sera pas résorbée tant que l’aide étrangère reste déséquilibrée et ne favorise pas un développement durable et équitable. Les ressortissants de ces « pays amis » ne doivent pas donc s’étonner de voir que tant de migrants haïtiens viennent chercher chez eux l’aide réelle promise.

Troisième accusé : La diaspora. La plupart des centaines de milliers d’haïtiens installés partout à travers le monde ont coutume de voyager au pays d’origine, pour de courts ou longs séjours. L’occasion est belle pour que bon nombre créent l’illusion de réussite matérielle en terre étrangère ou tout bonnement d’un changement de leur statut socio-économique. Pour y arriver, ils n’hésitent pas à se sur-endetter ou même emprunter de leurs proches certains éléments d’apparat, tels que bijoux et vêtements. Alors, tous les envieux et jaloux se mettent à rêver du jour où eux aussi ils pourront changer leur situation. On peut donc facilement comprendre que la situation d’haïtiens fuyants ne sera pas résorbée tant qu’il n’y a pas une sérieuse remise en question d’attitudes et de comportements chez plusieurs compatriotes de la diaspora.

Ernst Weche,

Brossard
05/08/17

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